Retour sur notre collaboration avec l’artiste LEM

à l’occasion des 100 ans de la grande guerre

Genèse du projet

En 2016, le Conseil Général du Pas-de-Calais lance un appel à projet dans le cadre de la commémoration du centenaire de la première guerre mondiale. Objectif : réaliser une sculpture extérieure contemporaine sur la commune de Vimy, théâtre en 1917 de l’offensive par l’infanterie canadienne. Ce projet co-financé par le Conseil Départemental du Pas-de-Calais et la ville de Sallaumines est porté par la Maison de l’Art et de la Communication. L’œuvre fait partie du Fonds d’Art Contemporain de Sallaumines.​

C’est à la lecture des carnets de guerre de Louis Barthas et de l’ouvrage ‘Le Feu’ d’Henri Barbusse que l’artiste roubaisien LEM prend conscience des conditions extrêmes endurées par les soldats dans cette guerre de tranchées. Il décide de proposer une sculpture pour leur rendre hommage.

maquette de la future sculpture en métal de LEM

L’ouvrage en quelques chiffres

4 tonnes d’acier
3 m de hauteur
42m de circonférence
12 personnages et 12 croix

les pièces sont prêtes à être peinte dans notre cabine de laquage

Les pièces de métal sont prêtes à être peintes
dans notre cabine

L'assemblage et la mise en oeuvre sur le rond-point peut commencer

L’assemblage et la mise en oeuvre sur
le rond-point est en cours…

L’artiste évoque son projet…

« Ma sculpture découle d’une volonté d’utiliser l’acier pour rendre hommage à ce qu’on appelle ‘l’art des tranchées’, objets façonnés par les soldats à partir de ce qu’ils trouvaient sur place, essentiellement des rebuts métalliques du conflit. Ce qui m’a le plus impressionné lors de mes visites sur ces lieux de mémoire, ce sont ces milliers de stèles, témoignage de la violence incomparable du conflit, ainsi que l’Anneau de la Mémoire, monument en forme d’ellipse conçu par l’architecte Philippe Prost, réunissant plus de 500 000 noms de soldats tombés sur le sol du Nord-Pas-de-Calais.

L’idée de la ribambelle permet d’associer une notion de mouvement à ces stèles, véritables marqueurs du territoire de ces sites de mémoire, et de les relier les unes aux autres. Cette ribambelle forme une ronde, les stèles symbolisant les morts, les silhouettes ceux qui ont survécu, que ce soit les compagnons de combat amis ou ennemis, leurs familles et proches qu’ils n’ont jamais revus, et à travers eux, les générations suivantes dont nous faisons partie. […] A travers ces silhouettes en mouvement avec les stèles, nous montrons à ces soldats morts sur le champ de bataille que nous continuons à les porter, formant un tout pour qu’ils fassent partie intégrante de notre quotidien. Nous les transmettrons aux générations futures afin de faire preuve à l’avenir de plus d’intelligence pour que ne se reproduise pas une telle boucherie.

Il s’agit d’un anneau de l’espoir, d’une ronde réunissant les corps dans une fraternité posthume pouvant faire écho à l’Anneau de la Mémoire. Les seules couleurs utilisées sur la sculpture sont celles du drapeau de la Paix, l’un des rares à avoir une portée universelle et humaniste. »


Témoignage à retrouver dans le livre « Rouge Brique » de Lem paru en avril 2020 aux éditions Le Téètras Magic, rétrospective via plus de 850 photographies de près de 20 ans de peintures, fresques et autres réalisations de l’artiste urbain Lem.

J’ai rencontré LEM par le biais de Machu, artiste plasticien, célèbre pour ses géants du Nord. Machu et LEM collaboraient sur différents projets. Moi j’étais une sorte de mécène des fins de mois difficiles de Machu.
Assez vite, j’ai eu coup de cœur pour les œuvres de LEM. Son graphisme, sa créativité et ses couleurs vives se distinguaient au milieu de la grisaille roubaisienne. Machu est devenu, au fil du temps, une sorte de père spirituel et artistique pour LEM et moi.

Quand LEM m’a parlé du projet de Vimy, il est venu avec de simples croquis et sa nonchalance habituelle. Nous avons discuté des proportions, des couleurs, du poids, de la taille… Assez peu de technique finalement. Je devais comprendre l’intention de l’artiste pour ne pas dénaturer le projet par des considérations purement techniques. Ensuite, nous avons lancé de premiers plans, nous avons ajusté le budget… Les échanges étaient nombreux et réguliers. Une fois que tout a été validé, nous avons lancé la production. LEM a profité de notre cabine de peinture pour préparer les supports.

La pose sur place était un peu spéciale. Un camion au milieu d’un rond-point gigantesque. Les employés de la ville de Vimy ont été très accueillants et disponibles. LEM a mis la couche finale directement sur place après notre intervention. Le résultat est juste époustouflant !

Finalement, ce projet atypique ressemble bien à la mentalité de la Manufacture du Métal : un véritable savoir-faire technique au service de l’esthétisme, une vraie capacité d’adaptation aux besoins du client.

Jérôme Bailleul

jb@manufacture-metal.fr